En décembre, les leaders de la section locale 424 à Edmonton en Alberta ont contribué à convaincre le gouvernement provincial à rejeter un projet qui vise à amener des travailleurs de la construction en provenance des Émirats arabes unis, d’où vient l’importance des relations politiques.
« Les chefs d’entreprises se sont servi des programmes similaires pour faire baisser les salaires et pousser les conditions de travail vers le bas », déclare Scott Ashton, l’assistant gérant d’affaires et un leader dans cette lutte. « Ça n’a jamais été une bonne idée pour combler la pénurie de main-d’œuvre. »
Un agent d’affaires du local 424 à Calgary a participé à une rencontre obligatoire avec les employeurs signataires et a remarqué que le plan du gouvernement figurait dans son ordre du jour. Rien n’avait été dévoilé au public à ce stade.
Cette information a été transmise à M. Crichton et le gérant d’affaires Mike Reinhart. Ils se sont immédiatement rendu compte que les membres du local 424 vivaient sous cette menace.
Le taux de chômage en Alberta était à 7,9 %, le quatrième plus élevé des provinces canadiennes et moins de 50 % des membres de la construction du local 424 travaillaient à temps plein. Le comité exécutif a approuvé la demande de M. Reinhart à l’unanimité pour envoyer des représentantes et représentants, y compris M. Crichton, à la journée de lobbying sur la Colline du Parlement du Congrès du travail du Canada en fin novembre.
Une fois rendus, ils ont rencontré la députée Heather McPherson (Edmonton Strathcona) et le député Charlie Angus (Timmins — Baie James) du Nouveau Parti démocratique, le parti du Canada qui a toujours été pro-travailleurs. Ils ont accepté d’aider et ils ont envoyé une lettre de protestation au ministre fédéral du Travail.
Localement, le local 424 a été en mesure de prévoir une rencontre avec les autorités provinciales pour en discuter le 5 décembre, mais la rencontre a été remise au 11 décembre.
Entre-temps, en date du 6 décembre, CBC a publié un article à propos du programme sur son site Web. Dans l’article, le gouvernement provincial a déclaré dans les documents qu’il s’agissait d’un moyen pour attirer les travailleuses et travailleurs ayant fait l’objet d’examen approfondi et pouvaient parler l’anglais. L’initiative devait commencer en février ou mars.
CBC a aussi mentionné que le local 424 compte plus de 4 000 membres en Alberta et aux Territoires du Nord-Ouest, dont plusieurs sont prêts à travailler dans le domaine de la construction et l’entretien, qu’était la raison de l’embauche des travailleurs étrangers.
« S’il y a des problèmes liés à répondre à la pénurie de main-d’œuvre spécialisée, nous voulons faire partie de la conversation », partage M. Crichton avec CBC. « Nous voulons participer à toutes les consultations menées par le gouvernement […] Nous comptons beaucoup d’électriciennes et d’électriciens prêts à travailler. »
Un porte-parole de la première ministre Danielle Smith a déclaré ne pas être au courant du plan.
« Pour eux de suggérer d’amener des travailleurs étrangers quand nous comptons déjà des travailleurs de la FIOE prêts à travailler était un énoncé ridicule », formule M. Reinhart.
Gouverné par le Parti Conservateur uni de Mme Smith, le parti a annoncé deux jours plus tard qu’il allait changer de cap et le programme a été annulé.
« C’était génial de savoir que ceux en connaissance de cause savaient que ça valait la peine de le signaler », émet M. Reinhart à CBC.
Les défenseurs des droits de la personne mentionnent que les travailleurs étrangers reçoivent très peu de ce qui leur a été promis, peu importe le pays. Ils font souvent face à des conditions dangereuses et gagnent un salaire inférieur à comparer aux travailleuses et travailleurs originaires des pays.
Une raison de plus pour lutter contre, exprime M. Crichton.
« Nous nous opposons à amener des personnes vulnérables dans notre province et de les exposer à des conditions auxquelles les travailleurs ne devraient pas être exposés », dit-il.
Lutter contre des initiatives antisyndicales n’est rien de nouveau pour la section locale 424. Alberta est la seule province où une entreprise peut légalement « jouer un double jeu », c’est-à-dire embaucher la main-d’œuvre syndiquée et non syndiquée pour faire baisser les salaires.
Mais M. Reinhart et M. Crichton gardent espoir que la province va travailler avec le local 424 pour régler la pénurie de main-d’œuvre spécialisée. Mme Smith a visité le local et son centre de formation plus tôt en 2024.
« Nous avons tissé un petit lien lors de sa visite », dit-il.
M. Crichton a dit que l’approbation rapide du comité exécutif d’envoyer des représentants à Ottawa était cruciale.
« C’est une preuve de plus que le lobbying est efficace », dit-il. « Vous n’avez qu’à parler avec les bonnes personnes au bon moment sur la Colline du Parlement. »
Cet article a été publié à l’origine dans la publication du Electrical Worker en ligne du mois de février.