Recruter les femmes dans les métiers est devenu un peu plus facile, Lisa Langevin a plus de 15 années d’expérience en tant qu’électricienne. Mais les inciter à conserver leurs emplois, c’est une autre histoire — même si la construction prospère partout en Colombie-Britannique.
C’est pour cette raison que l’assistante gérant d’affaires de la section locale 213 située à Vancouver a sais
i l’occasion pour que la FIOE fasse partie du projet des femmes dans les métiers (Women in Trades project) mené par le gouvernement fédéral. Il identifiait les obstacles auxquels font face les femmes qui font avancer leurs causes dans le milieu de la construction et ont proposé des méthodes pour les éliminer.
Recruter davantage les femmes dans les métiers fût une lutte à la fois aux États-Unis et au Canada, mais ce rapport est important puisqu’il cerne les obstacles pour garder les femmes à l’emploi, et non seulement les attirer dans les programmes de formation en apprentissage.
« Depuis des décennies à travers l’Amérique du Nord nous avons parlé plusieurs fois des femmes dans les métiers, » mentionne Langevin, qui fait partie du comité de direction du projet composé de 10 membres et défend la cause des femmes dans l’industrie de la construction depuis longtemps.
« Ce que nous avons constaté, c’est que les femmes ne restent pas. Le pourcentage des femmes qui quittent les métiers est beaucoup plus élevé que les hommes. »
Langevin déclare que le besoin de réaliser un projet était évident lorsqu’elle a voyagé avec le reste du comité à travers la province pour rencontrer les groupes de discussion de femmes œuvrant actuellement dans les métiers. Même avec celles qui sont restées, elles ont signalé avoir été harcelées et ostracisées, dit-elle.
Melanie Mark la ministre responsable de l’Enseignement supérieur, Développement de la compétence, et de la Formation professionnelle (Advanced Education, Skills and Training) a rencontré les apprenties chez Mott Electric, un entrepreneur signataire du local 213, en novembre dernier lorsqu’elle a annoncé l’achèvement de l’étude à Burnaby. Langevin se trouvait parmi les invités, où elle a mentionné que les femmes représentent environ 3 p. 100 des gens de métiers dans la province.
Le rapport recommande d’augmenter les occasions de mentorats, en prenant note que les femmes qui travaillent dans la construction se trouvent souvent à être les seules femmes sur les chantiers, et l’application des mesures anti-intimidation.
« Les employeurs ont la responsabilité de créer un chantier qui offre un soutien à tous les travailleurs, » confirme Dan Mott le président de la compagnie.
Le projet n’est pas loi dans la province, mais les plans sont de s’en servir comme outil pour adresser la pénurie continuelle de la main-d’œuvre des travailleuses dans les métiers spécialisés.
On prévoit 115 000 postes vacants dans les métiers en Colombie-Britannique d’ici 2025 causés par les retraites et le développement de l’économie, selon l’estimation du gouvernement provincial, et ces postes risquent ne pas être pourvu sans l’aide des femmes sur les chantiers. Le salaire moyen d’un travailleur spécialisé suite à deux années d’apprentissage complété est de 60 000 $ par an en Colombie-Britannique, un nombre qui est encore plus élevé dans l’industrie de l’électricité.
La prochaine étape pour les militants est de travailler avec les industries privées dans le but de développer des politiques qui luttent contre l’intimidation, prévenir le harcèlement et encourager l’adoption de pratiques d’embauche inclusive.
« Nous devons corriger la culture dans le milieu de travail pour que cela devienne un endroit où les femmes se sentent respectées et valorisées, » exprime Mark. « Les femmes qui veulent faire carrière à titre d’électriciennes, tôlières ou autres métiers devraient être appuyées et leur donner l’occasion de poursuivre des carrières qui va aider à bâtir la meilleure C.-B. »
Langevin mentionne que le projet est devenu une priorité lorsque le Nouveau Parti démocratique de la Colombie-Britannique a pris le pouvoir au début de 2017. Les fonctionnaires du gouvernement ont de bonnes intentions lorsqu’ils encouragent une grande participation des femmes sur le marché du travail, dit-elle. Mais trop souvent l’accent est mis sur les emplois à l’extérieur des métiers. L’étape nécessaire suivante fournit des objectifs d’embauche dans les projets de travaux publics — une chose qui rend Langevin optimiste.
« Lorsqu’on parle à des politiciennes, on constate que plusieurs sont préoccupées par des choses telles que la pauvreté des enfants, » explique Langevin. « Nous avons fait valoir que si nous offrons aux mamans des emplois bien rémunérés, l’une des choses qu’elles vont réduire est la pauvreté chez les enfants.”
Bien que ce ne soit pas directement abordé dans le rapport, Langevin spécifie que les hommes dans les métiers devraient contribuer à renforcer l’autonomisation des femmes, de défendre leurs collègues femmes s’ils aperçoivent qu’elles sont maltraitées.
« Discrètement les hommes me disaient : ”nous sommes heureux de te voir ici, nous espérons que tout ira mieux maintenant.” Plusieurs hommes n’aiment pas la méchanceté sur le chantier non plus. »
« Nous voulons maintenant offrir à ces hommes les compétences nécessaires pour affronter les autres lorsqu’ils sont témoins d’une situation et dire : ”ceci n’est pas correcte.” »
Langevin se compte chanceuse. Le gérant d’affaires du local 213 Adam Van Steinburg appuie pleinement l’engagement de Langevin dans le cadre de ce rapport et à travers d’autres initiatives pour soutenir les travailleuses. Elle souhaite voir d’autres gérants d’affaires adopter le même type d’attitude.
« Je crois que le plus grand atout de la section locale 213 est que nous étions prêts à dire : ”oui, ceci est important.” »