C’est une route d’environ 2 100 miles depuis son domicile à Terre-Neuve jusqu’au chantier de construction dans l’ouest de la Pennsylvanie. Mais Damian Hogan a sauté sur l’occasion pour aller rejoindre les équipes de construction au Shell Pennsylvania Chemical project situé au nord de Pittsburgh.
« Il n›y a pas beaucoup de travail dans notre local, » dit Hogan, un électricien compagnon et membre du local 2330 à Saint-Jean de Terre-Neuve depuis plus de 20 ans. « L›endroit où figurait mon numéro de téléphone sur la liste d›appel, je ne me voyais pas obtenir du travail de cette nature aussi rapidement. »
La distance que Geoff Wayne devait parcourir n’était pas aussi grande. Il est membre du local 120 à London en Ontario situé à environ six heures de route. Il y a plus de travail dans le territoire que couvre notre section locale, mais pas autant que dans la majeure partie des É.-U. Wayne aime bien voyager pour le travail et il a sauté sur l’occasion pour traverser la frontière.
« Nos confrères américains nous ont traités extrêmement bien, » ajoute-t-il. « Lorsque tu te rends ici, tu te demandes s›ils vont parler de toi pour avoir volé leurs emplois. Mais il n›y a absolument rien eu de cela ici. »
D’une certaine façon, ce que Wayne et Hogan ont fait n’est pas plus différent des autres voyageurs au sein de la FIOE.
Avec la plupart des locaux dans le domaine de la construction aux États-Unis qui sont à plein emploi, les voyageurs ont souvent le loisir de choisir les grands projets. Dans le cas d’un projet d’une grande envergure comme celui de Shell Pennsylvania, l’aide est la bienvenue et elle est dans le besoin.
Les responsables du local 712 de Beaver, Penns., où la centrale se trouve, ont travaillé avec le département de la construction et de la maintenance pour veiller à ce que les entrepreneurs aient assez d’employés pour répondre à la demande. Depuis le début, le petit local comptait sur les voyageurs pour répondre aux besoins du projet de pétrole de 6,5 milliards dollars américains [voir l’article du mois d’août 2019 intitulé Building the Gas Boom dans l’Electrical Worker].
Mais les voyageurs transfrontaliers sont uniques. C’est pour cette raison que plusieurs électriciens canadiens, plus spécifiquement ceux dans les régions où l’économie locale n’est pas forte, ont profité de cette rare occasion et ont obtenu leurs visas temporaires en vue de travailler au sud de la frontière.
« L›International est dans notre nom pour une raison, » mentionne Tom Reid le vice-président international du premier district. « Nous desservons deux pays formidables. Notre objectif est de s›efforcer de parvenir à un plein emploi, peu importe si nos membres doivent traverser les frontières dans les deux directions. Nous répondons aux demandes des entrepreneurs tout en fournissant à nos membres des emplois avec des salaires élevés et de bons avantages. Tout le monde en sort gagnant. »
« Nous essayons de trouver le moyen d›envoyer nos membres au sud, parce que les gérants d›affaires de ces locaux nous appellent tout le temps, » dit Paul Dolsen l›assistant exécutif au vice-président international du premier district. « Ils nous disent qu›ils ont beaucoup d›emplois pour le poste d›électricien. «Est-ce que tes membres peuvent venir ici ?» »
La réponse courte était non. Contrairement aux monteurs de lignes qui peuvent facilement voyager du Canada pour aider à rétablir le courant à la suite d’une catastrophe naturelle, les électriciens sont traités différemment sous les règlements du gouvernement des États-Unis, et ils ne sont pas autorisés à faire de même. C’est-à-dire que les entreprises souhaitant les embaucher doivent en faire la demande auprès du Labor Department pour obtenir le visa H-2B.
On ne sait pas si des programmes comme celui de la Pennsylvanie vont continuer, dit Dolsen. Mais pour le moment, le travail est la bienvenue. L’économie canadienne est forte dans certaines parties du pays, mais pas aussi forte qu’aux É.-U., en grande partie à cause du prix de pétrole trop faible qui est venu épuiser les emplois liés au pétrole.
Hogan nous informe que le processus d’approbation n’était pas aussi laborieux qu’il pensait. Il a rencontré le représentant international Cordell Cole du premier district qui lui a montré les formulaires à remplir auprès du gouvernement des États-Unis et celui du Canada.
Le processus s’est bien déroulé, dit-il. Une fois avoir traversé la frontière pour aller aux États-Unis avec le Maine, son visa de travail l’attendait. Lui et les autres devaient s’engager à travailler pour une année à construire la centrale. Il y a eu 295 visas qui ont été déposés, dit Dolsen.
La gentillesse démontrée par le local 712 et les autres membres a été incroyable, dit Hogan. Le membre Phil Divittis du local 712 lui a donné le nom d’un mécanicien pour réparer son camion lorsqu’il était parti pour la période des fêtes. À son retour, Divittis avait payé le mécanicien et avait offert à Hogan de le rembourser au moment qui lui conviendra.
En 2018, Wayne avait tenté de travailler à la centrale nucléaire de Vogtle en Géorgie, mais les visas n’ont pas été approuvés, il apprécie donc particulièrement le travail en Pennsylvanie. Il y a toujours des défis à relever lorsqu’il vient le temps de s’adapter à un nouveau chantier de construction, mais les avantages compensent largement, dit-il.
« Tu travailles six jours par semaine et l›argent en vaut vraiment la peine, » dit-il. « La taille de la retraite est immense. Et lorsqu›on y ajoute le taux de change, c›est un bon endroit pour travailler. »