La FIOE et ses alliés syndicaux au Manitoba ont remporté une grande victoire le 11 juin lorsqu’une juge a rejeté une mesure législative controversée qui vise à empêcher les hausses salariales de 120 000 employés du secteur public dans la province et à porter atteinte à leurs droits de négociation collective.
« C’est une grande victoire pour tous les syndicats, » mentionne Russ Shewchuk, le gérant d’affaires du local 2085 situé à Winnipeg. « Je crois que les conservateurs seront remis à leur place un peu. »
La Loi sur la viabilité des services publics a été adoptée seulement quelques mois après que les conservateurs aient obtenu une grande majorité à l’Assemblée législative du Manitoba en 2016. Elle ne prévoit aucune hausse salariale pour les deux premières années, seulement une augmentation de 0,75 % pour cent dans la troisième année et une augmentation d’un pour cent dans la quatrième année pour les employés du secteur public.
Pendant qu’il était contesté au tribunal, le projet de loi n’a jamais été proclamé loi, mais M. Shewchuk, le gérant d’affaires Mike Espenell du local 2034 à Winnipeg et le gérant d’affaires Bruce Krause du local 435 à Winnipeg mentionnent que plusieurs sociétés publiques la traitaient comme si elle s’agissait d’une loi, ce qui a presque mis fin aux négociations de convention collective. Ces corporations risquaient d’être pénalisées par le gouvernement provincial si elles proposaient des hausses salariales autres que ceux prévus par le projet de loi.
Le local 2034 représente environ 2 200 membres et plusieurs d’entre eux travaillent au Manitoba Hydro. Le local s’est opposé aux tentatives du premier ministre Brian Pallister et à d’autres politiciens parce qu’ils voulaient réduire la main-d’œuvre chez Manitoba Hydro pendant la pandémie même si le service public a réalisé des profits et que l’utilisation résidentielle a augmenté de 9 % par rapport aux sommets historiques.
« La première vague [l’attaque du gouvernement provincial] contre les syndicats du secteur public a été ce projet de loi, » dit le gérant d’affaires Mike Espenell. « Même s’il n’était pas proclamé loi, il s’en servait pour limiter le droit de la négociation collective. »
« La deuxième vague a été lorsqu’ils ont imposé une réduction de la main-d’œuvre dans le secteur public. Ils ont attaqué nos membres et d’autres syndicats sans montrer qu’ils étaient sous contraintes financières. »
Le local 435 compte environ 95 membres qui travaillent à la Société manitobaine des alcools et des loteries. Ils sont responsables de l’installation et de la maintenance et le câblage des machines à sous à l’intérieur des casinos, des bars et des lounges du Manitoba.
Krause dit que l’unité de négociation a rejeté l’offre d’un contrat de quatre ans plus tôt cette année qui suivait les directives du projet de loi. Les négociations ont été suspendues en raison de la pandémie, mais devraient reprendre au cours de cette année.
« En quelque sorte, nous sommes maintenant dans une bonne position, » dit Krause. « Nous devons retourner et négocier, mais avec cette décision, nous sommes en position de force. Ils ne peuvent pas utiliser ces ordres provinciaux contre nous. »
Le local 2085 compte 20 électriciennes et électriciens qui travaillent pour les écoles publiques de Winnipeg, dit M. Shewchuk. Leurs collègues y compris d’autres travailleuses et travailleurs seront affectés de manière positive par cette décision, tels que les enseignantes et enseignants, les infirmières et infirmiers et les concierges.
M. Shewchuk a déclaré que lorsque les négociations ont eu lieu plus tôt cette année, l’incidence dangereuse du projet de loi était évidente. Les autorités scolaires enhardies ont demandé de réduire le nombre de journées de maladie et d’éliminer la rémunération du temps double des heures supplémentaires.
« J’étais assis de l’autre côté de la table et j’ai répondu, “êtes-vous sérieux” ? » Déclare M. Shewchuk.
Dans sa décision cinglante, la juge Joan Mckelvey de la Cour du Banc de la Reine du Manitoba a déclaré que cette loi : « fonctionne comme une mesure draconienne qui vise à empêcher et à réduire le pouvoir de négociation de manière considérable pour les syndicats et viole les droits des associations. »
Les actes du gouvernement contrevenaient à la Charte des droits et libertés, un article dans la Constitution canadienne qui énumère les droits et libertés nécessaires au maintien d’une société libre et démocratique, déclare-t-elle.
« Cette législation contourne et réduit le moyen de pression ou le pouvoir de négociation disponible et empêche le syndicat d’échanger des avantages pécuniaires pour des améliorations non monétaires, » a-t-elle écrit.
Tout au long de sa carrière, Pallister a manifesté peu d’intérêt à l’égard des syndicats. Les conservateurs ont refusé d’établir un salaire qui permet de vivre, comme c’était le cas auparavant, le liant plutôt à l’inflation. Ils ont également annulé la carte d’adhésion pendant les campagnes de syndicalisation en imposant un vote secret.
« C’est presque le reflet de ce que le gouverneur Scott Walker a fait au Wisconcin, » dit M. Shewchuk, en faisant référence au gouverneur des États-Unis qui a décimé les syndicats du secteur public dans son État d’origine. « Ils ont tout fait pour serrer la vis aux syndicats. »
La plainte a été déposée par le Manitoba Federation of Labour, dont la FIOE est membre.