Les membres de la section locale 2034 à Winnipeg, Manitoba respire mieux depuis la fin de leur grève en mai qui a duré neuf semaines.
« Tout le monde peut revenir à la normale, » mentionne le gérant d’affaires Mike Espenell de la section locale 2034. « La route a été longue et nous sommes heureux d’arriver à une fin qui est profitable pour tous. »
Les quelques 2 300 membres à l’emploi de la société d’État Manitoba Hydro travaillent sous une convention collective expirée depuis l’automne, et le gouvernement progressiste-conservateur antitravailleurs dirigé par le premier ministre Brian Pallister s’est ingéré dans le processus, déclare M. Espenell, pour faire traîner les choses et rendre la convention collective plus difficile à conclure. Face à cet obstacle en plus d’une nouvelle législation antisyndicale éventuelle, les membres du local 2034 ont voté en grande majorité en faveur de la grève.
« Personne ne veut jamais faire la grève, » déclare M. Espenell en parlant de la grève qui a eu lieu de mars à mai. « C’était une décision difficile à prendre, et certainement pas été prise à la légère, mais on a fait ce qu’il fallait dans les circonstances. »
Les membres du local 2034 font de tout, de la production et la transmission à la distribution, « de la soupe jusqu’aux noix, » dit M. Espenell. Personne ne voulait incommoder ses clients, mais les négociations étaient sur un point mort. Malgré la demande, la compagnie d’électricité de la province a fait pression pour qu’il n’y ait pratiquement aucune augmentation salariale et de procéder à des mises à pied. En 2020, les travailleurs ont été obligés de prendre trois jours de congés non rémunérés, c’est-à-dire une perte de 1,25 % en salaire annuel. Si l’on tient compte de l’offre proposée par Hydro, M. Espenell affirme que les augmentations salariales proposées n’auraient représenté qu’une hausse de 0,5 % sur quatre ans.
« C’est sans précédent d’éterniser les négociations, » déclare Espenell, en parlant de la prolongation des négociations. « Je ne peux même me souvenir d’une chose similaire dans une histoire récente pour un syndicat du secteur public. »
Cette fois-ci, il s’agissait de réduire les coûts. L’ingérence du gouvernement a aggravé le processus pour le personnel d’Hydro. Parmi d’autres mesures, il a imposé un gel salarial pendant deux ans. L’hydro-électricité du Manitoba a également diminué le nombre de l’effectif avec le gel d’embauche dans les régions pendant les deux dernières années.
« Nous avons l’habitude de travailler en collaboration avec Hydro, » mentionne M. Espenell.
«Mais le gouvernement a pris en otage l’ensemble du processus. »
Après la fin de la première grève de la section locale depuis plus de dix ans, l’application de la nouvelle convention collective sera déterminée par la Commission du Travail du Manitoba, une tierce partie neutre responsable de traiter ces cas. L’audience est prévue pour le 7 juillet et la décision est attendue au début du mois d’août.
Il est essential d’agir rapidement considérant que la Commission ne restera pas en place longtemps, déclare M. Espenell. On s’attend à ce que le gouvernement conservateur provincial pousse pour faire adopter le projet de loi 16, Loi modifiant la loi sur les relations du travail, qui éliminerait essentiellement le mode alternatif pour le règlement de différends, qui aide à mettre fin aux grèves de plus de 60 jours. Sans la possibilité de faire appel auprès d’un comité d’arbitrage au moment où les négociations stagnent, les syndicats peuvent être laissés pour compte.
« Ils peuvent imposer leurs dires sans être présents à la table de négociation, » mentionne M. Espenell. « Ce projet de loi permet au gouvernement de manipuler le secteur public comme bon lui semble, lui donnant plus de marge de manœuvre. »
L’adoption de ce projet de loi sous le gouvernement actuel est pratiquement acquise, dit M. Espenell. Il s’agissait d’un facteur déterminant lorsque les membres ont voté en faveur de la grève. Ils devaient agir alors que le recours à la Commission était encore une possibilité. Et avec le succès de la grève, qui s’est déroulé sur une base continue afin de remédier le plus possible aux inconvénients que pourraient vivre les clients, les autres syndicats représentant le secteur public prenaient des notes.
« Les infirmières et les infirmiers ainsi que d’autres secteurs d’activités ont vu le résultat et ils veulent également en profiter avant qu’il ne soit trop tard, » déclare M. Espenell. « Cela ne signifie pas que tout le monde veut faire la grève, nous voulons simplement conclure plus d’ententes. »
Le projet de loi 16 n’est pas la seule attaque contre les syndicats fait le gouvernement conservateur de la province. En 2017, le parti au pouvoir a présenté un projet de loi qui exige un gel salarial d’une durée de deux ans pour les employés du gouvernement une fois que leur convention collective existante aurait expiré, mais la Cour l’a rejeté en 2020 en la qualifiant de « mesure draconienne », ce qui affaiblira considérablement le pouvoir de négociation des syndicats.
« Nos membres au Manitoba Hydro sont les meilleurs dans l’industrie et ils méritent d’obtenir une convention collective équitable, » mentionne le vice-président international Tom Reid du premier district. « Faire la grève n’est jamais un choix facile à faire, mais comme ils l’ont démontré, parfois c’est nécessaire. Je suis fier de nos consœurs et de nos confrères qui se sont levés avec bravoure et ont pris une décision difficile de faire ce qui est juste. »