En 2017, la section locale 804 à Kitchener, un local important de la construction dans le sud de l’Ontario, comptait huit femmes parmi ses membres. Le leadership du local a décidé de s’attaquer à ce problème. Le local voulait donner la chance de changer la vie à un plus grand nombre de personnes grâce à l’adhésion de la FIOE et de répondre au besoin de la main-d’œuvre spécialisée dans le secteur de la construction.
Brian Jacobs, maintenant le gérant d’affaires, était membre du personnel comme organisateur syndical. Il a le plaisir d’annoncer que le nombre de femmes augmente, le local 804 compte maintenant 42 femmes membres à l’emploi. Et Jacobs est convaincu que ce nombre va augmenter à une plus grande vitesse à l’avenir puisque 13 membres ont adhéré au syndicat au cours de l’année dernière.
« Dans l’ensemble, les hommes dominent encore les professions dans le secteur de la construction depuis le début », déclare Jacobs, gérant d’affaires depuis février 2020.
« C’est un peu intimidant pour les femmes de s’engager dans ce monde. » « Mais la réalité est que 50 % de la main-d’œuvre est exclus. Il s’agit d’un grand nombre de compétences inexploitées, » ajoute Jacobs.« Mark et moi avons décidé de nous attaquer à ce problème. »
Il faisait référence à Mark Watson, l’ancien gérant d’affaires du local 804, qui occupe maintenant le poste d’assistant exécutif au vice-président international du premier district.
Jacobs mentionne que l’effort de recrutement syndical du local 804 vise en grande partie les écoles secondaires et les centres de formation professionnelle relevant de son territoire. Il fait remarquer que le programme pour la formation et l’innovation en milieu syndical du gouvernement fédéral accorde un financement pour recruter les groupes insuffisamment représentés dans les métiers spécialisés.
Toutefois, une grande partie du travail du local est de s’assurer que les femmes acquièrent les compétences et reçoivent l’appui nécessaires pour réussir une fois devenue membre. C’est pourquoi une personne comme la formatrice Jessica Gemmell est si importante.
Gemmell fait partie de la FIOE depuis toujours. Son père, ses deux oncles ainsi que son grand-père décédé sont soit membres ou anciens membres. Elle a obtenu son diplôme de l’Université Carleton à Ottawa et a fait son entrée dans le marché du travail avant de s’orienter vers le métier d’électricienne et de commencer son apprentissage en 2012.
« Vous ne faites pas beaucoup d’argent [avec un diplôme en science politique] », dit-elle. « J’avais beaucoup de difficulté à trouver un emploi qui convenait à mon rythme de vie. J’étais à la recherche d’un emploi bien rémunéré, qui offrait un régime de retraite et des avantages sociaux. »
Or, elle était consciente que de nombreuses femmes souhaitant faire carrière dans les métiers spécialisés n’avaient pas été exposées aux syndicats, non seulement pendant leur enfance, mais aussi à l’âge adulte. C’est pour cette raison qu’elle a accepté avec enthousiasme lorsque Jacobs et les autres leaders lui ont demandé de participer à de telles initiatives.
« On se sent seule parfois. Tu peux être la seule femme sur le chantier », mentionne Gemmell, maintenant électricienne certifiée Sceau rouge.
« Mais tu n’es pas seule. La plupart des femmes du local 804 m’ont maintenant rencontrée et elles savent qu’elles peuvent me contacter », dit-elle. « Je conseille de persévérer et de s’exprimer. Poser des questions et demander de nombreux et différents travaux. Ne restez pas enfermées à faire la même chose. »
On n’y parvient pas sans difficulté et le changement est souvent très lent. La section locale 804 compte 1 100 membres, les femmes membres représentent toujours moins de 4 %.
Mais Jacobs mentionne que le local est déterminé à travailler et s’attend à ce que le nombre augmente plus rapidement à mesure que le message circule qu’il accueille des personnes candidates de toutes origines et de tout sexe. L’augmentation du nombre de membres dans la dernière année en ait la preuve.
« Il ne s’agit pas seulement de la bonne chose à faire », ajoute-t-il. « C’est également avantageux pour l’économie. Nos salaires sont relativement élevés dans le grand ordre des choses. Les femmes dans le milieu de travail n’ont habituellement pas la chance de gagner ces salaires et ce n’est pas avantageux pour l’économie. »
Il attribue un mérite à l’Association des entrepreneurs électriciens de l’Ontario d’avoir apporté une aide essentielle, telle qu’aider le local 804 dans leur demande de financement pour le PFIMS.
« Nos entrepreneurs se font un devoir de trouver un emploi à chaque diplômé de notre programme de préapprentissage, ce qui a été la porte d’entrée principale pour les femmes qui font leurs entrées dans le métier d’électricienne au local 804 », formule Jacobs.
Le local 804 a récemment créé un comité destiné aux femmes. Une grande partie du travail de ce comité est de faire en sorte que les électriciennes d’expérience servent de mentores pour les femmes qui entrent dans le marché du travail, déclare Jacobs.
Il ajoute que les femmes acceptées dans le programme d’apprentissage du local 804 ont prouvé que sur le terrain et en salle de classe sont aussi qualifiées que leurs collègues masculins.
Il reste beaucoup à faire, mais Gemmell a bon espoir. Un exemple de progrès qu’elle donne, le fait que plusieurs hommes n’hésitent pas à s’exprimer lorsqu’ils voient ou entendent quelqu’un agir de manière inappropriée envers une ou un collègue.
« J’ai toujours eu un bon réseau de soutien, pas seulement de la part de ma famille, mais de la part de mes confrères du local », exprime-t-elle. « Ils ont vu que je travaillais d’arrache-pied. Ils ont compris que “si elle peut faire le travail, tout est possible” et à partir ce moment c’était l’effet de boule de neige. »