*Cet article a été publié à l’origine dans la publication du Electrical Worker en ligne du mois de septembre 2024
Il y a plusieurs années, les membres de la section locale 804 à Kitchener en Ontario ont remarqué qu’un entrepreneur non syndiqué travaillait sur leur territoire et le local a eu un pressentiment.
« Nos organisateurs syndicaux ont constaté que le nom de cette entreprise apparaissait de plus en plus dans les curriculums vitæ, LinkedIn et les médias sociaux », déclare Derek Brooks, le gérant d’affaires. En faisant quelques fouilles, « tout commençait à s’aligner ».
Selon M. Brooks, l’entrepreneur avait un comportement similaire à celui d’un entrepreneur pour lequel la section locale 804 avait mené avec succès une campagne de syndicalisation en 2013; une victoire qui a permis à la main-d’œuvre d’un entrepreneur électrique du secteur industriel, commercial et institutionnel à adhérer à la FIOE.
Brooks se souvient que le propriétaire de l’entreprise n’était pas accueillant envers les efforts de syndicalisation du local : « au cours de la campagne, ils menaçaient de fermer leurs portes ».
Après la signature de la convention collective, l’entreprise de sept ans a presque aussitôt « disparu », prononce M. Brooks. Quatre travailleurs sont restés membres de la FIOE et devenus des contremaîtres généraux à l’emploi d’autres entrepreneurs, ajoute M. Brooks.
C’était important au local 804 de savoir si l’entreprise d’aujourd’hui était réellement celle d’auparavant qui exerçait ses activités sous un nouveau nom. Les anciens propriétaires avaient aussi signé une entente qui prévoyait que s’ils s’engageaient avec une autre entreprise électrique, le local pouvait aussi accueillir ces nouveaux membres dans la FIOE.
En novembre 2020, le local a présenté une demande officielle auprès de la Commission des relations du travail de l’Ontario dans le but de confirmer les soupçons. Les preuves recueillies lors de l’enquête préliminaire ont permis d’appuyer les allégations du local et ont été entendues lors d’une séance de médiation au mois de février suivant et le dossier a été envoyé à une audience officielle prévue en janvier 2022.
Au cours de ces mois, le local en a profité pour obtenir une ordonnance auprès de la commission du travail pour que l’entreprise rédige des documents qui, selon la FIOE, prouveraient que l’ancienne entreprise et celle d’aujourd’hui étaient la même et seul le nom avait changé.
La date de l’audience était assez loin pour permettre aux leaders du local de passer à travers les documents tout en continuant à gérer les tâches quotidiennes de la section locale très active de 1 200 membres; dont les territoires des électriciens et des monteurs de lignes se situent dans la grande région de Waterloo-Kitchener vers le nord de la péninsule de Bruce sur le lac Huron et la baie Georgienne.
« Nous avons passé à travers des milliers de documents », exprime M. Brooks, trente ans membre de la FIOE. « Sans cette information confidentielle, le bien-fondé de notre cause aurait été difficile à prouver. »
Le leadership du local 804 a examiné ces documents officiels et ces états financiers pour les cataloguer, ainsi que les communications professionnelles et les listes de projets, les actifs et la clientèle.
« Il y avait beaucoup à démêler », prononce M. Brooks, mais c’était aussi nécessaire, « l’information pertinente peut être bien cachée. »
La vigilance a porté ses fruits, car plus de deux ans après la tenue de l’audience, la commission a rendu en février plusieurs décisions en faveur de la section locale 804.
La commission était d’accord que le local avait bien réussi à prouver qu’une vente avait eu lieu. Elle a également conclu que la relation de la nouvelle entreprise avec une entreprise qui effectue des travaux électroniques connexes est un partenaire à part égal, c’est-à-dire que la main-d’œuvre pouvait aussi être syndiquée par le local 804.
« Nous étions en droit de les obliger à licencier leurs travailleurs actuels et d’embaucher les nôtres », formule M. Brooks. « Mais quel serait le message syndical véhiculé? Ça va à l’encontre de nos convictions. »
Par conséquent, douze nouveaux membres se sont joints au local 804 et il y avait une bonne relation de travail avec l’entrepreneur signataire, raconte M. Brooks.
« Ils ont commencé à nous embaucher », à l’aide de notre système de placement, « et ils envoyaient des gens en formation. »
Le gérant d’affaires a félicité Dave Graham, l’organisateur du local 804 d’avoir resté à l’affut.
« La syndicalisation est la clé du taux de représentativité », émet M. Brooks. « Ça peut devenir un travail de longue haleine. »
« Nous devons toutes et tous rester vigilants et persistants comme les hommes et les femmes du local 804 », déclare Russ Shewchuk, vice-président international du Premier District. « Il s’agit d’une méthode qui a fait ses preuves pour augmenter le nombre de nos membres et pour obtenir plus de travail. »